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Fonds d’aide à la presse : Le festin des hyènes, des copains et des coquins

Fonds d’aide à la presse : Le festin des hyènes, des copains et des coquins

Honni soit qui mal y pense ! Ce commentaire consacré à ce qu’on a dénommé abusivement fonds d’appui et de développement à la presse, est une réaction de dépit suite à la publication du diagramme de répartition. Pour mémoire, nous rappelons que ce fameux fonds originellement dé- nommé fonds d’aide à la presse, est principalement l’œuvre d’un quatuor sur- nommé les quatre mousquetaires composé de Mamadou Oumar Ndiaye, fondateur et directeur de la publication du Témoin, Baba- car Touré (paix à son âme) président-directeur général du Groupe Sud Communication, Sidy Lamine Niasse (que son âme repose en paix), Pdg du Groupe Wal Fadjri, et Abdoulaye Bamba Diallo direc- teur de la publication du Cafard Libéré.

Laye Bamba coule aujourd’hui une retraite paisible après avoir créé l’hebdomadaire Nouvel Horizon et présidé le conseil d’administra- tion du quotidien national « Le Soleil ». « Ces plumes majestueuses avaient pris le témoin des mains de Bara Diouf, Ibrahima Gaye, Mame Less Dia et bien d’autres sommités qui ont porté très haut le flambeau du journalisme au Sénégal. Alors qu’ils venaient à peine d’élargir le panorama de la presse, la réalité économique du Sénégal sous ajustement structurel s’était dressée tel un mur devant ces quatre mousquetaires pour émousser leur volonté et saper leurs ambitions. Nonobstant les difficultés économiques et sociales, ils avaient tenu la dragée haute pour pérenniser la presse et l’améliorer de sorte qu’elle puisse donner aux jeunes diplômés du Cesti et d’ailleurs des opportunités d’emplois et de perfectionnement professionnel.

Des décennies après cette bataille intelligente qu’ils ont menée pour se faire entendre et respecter par l’État ayant alors à sa tête le Président Abdou Diouf , le fonds d’aide à la presse a pris un contour sinueux, très nébuleux pour devenir le mangeoire d’un conglomérat de copains et de coquins. Ledit fonds a aiguisé tellement d’appétits que la presse a fini par être transformée en un refuge huppé d’une caste de prébendiers en collusion avec des ordonnateurs de budget aux aguets pour un renvoi d’ascenseur.

« Le Témoin », un artisan du fonds d’aide La répartition du fonds est d’autant plus inique qu’elle a exclu un journal de la trempe du quotidien Le Témoin dont le di- recteur est l’un des artisans de sa constitution en 1994. A la lecture du diagramme de répartition de cette aide présenté vendredi dernier par le ministre de la Communica- tion, nombre de Sénégalais ont eu un haut le cœur. Au motif fallacieux que l’administration du journal Le Témoin doit prouver son ancrage dans la signalétique de la presse sénégalaise, des ordonnateurs de budget, mus par des considérations inavouées, ont pris la liberté de le priver de la part qui lui revient de droit et de facto eu égard à l’histoire du fonds.

Ainsi, ils ont sélectionné à leur guise des entreprises qu’ils ont voulu enrichir avec certainement la promesse de rétrocommissions ! Le Témoin, qui a la particularité d’être sous l’autorité d’un journaliste pas du tout malléable et de surcroît farouchement ancré aux valeurs d’un peuple qui ne marchande pas sa dignité, n’entrait pas dans leurs schémas de magouille. Il a donc été privé au moins une année de cette aide à laquelle il a droit en tant que groupe comprenant, outre un quotidien d’informations générales, deux radios.

Trente-cinq ans après la bataille historique qui leur a permis de faire admettre à l’État son devoir de soutien vis à vis de la presse, feus Babacar Touré et Sidy Lamine Niasse ont sans doute dû bouger dans leurs tombes pour protester contre la déviance qui a mué le fonds d’aide à la presse en fonds d’asservissement de la presse. A l’ère de la détermination manifestée par les nouvelles autorités de l’État d’instaurer une gouvernance intègre à tous les niveaux, il nous semble que ce n’est pas trop leur demander que d’exiger le respect de l’orthodoxie afin que le fonds d’appui et de développement de la presse puisse jouer sa véritable mission plutôt que d’être un instru- ment d’enrichissement de copains et de co- pains ainsi que de leurs complices tapis dans les sphères de l’Administration.

Mbagnick Diop

editor

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